Le bouturage des troncs de Monstera variegata

Les Monstera variegata (Monstera deliciosa albo variegata, pour être précis) sont l’objet de beaucoup de convoitises. Leur aspect est en effet apprécié de beaucoup, et elles sont très rares en jardinerie.

Ayant la chance d’en posséder plusieurs, dont deux très grandes, je suis souvent sollicité pour des questions au sujet de leur bouturage. Autant on trouve beaucoup d’informations ça et là quand au bouturage des feuilles, autant les informations se font plus rares quant au bouturage des portions de tronc. C’est pourtant un moyen comme un autre de multiplier la plante.

L’une de mes Monstera variegata

En complément de cet article, je conseille vivement de lire l’article « Le bouturage à l’étouffée » , que j’ai écrit il y a quelques temps. Il sera souvent fait référence à cette technique dans cet article.

Pourquoi bouturer un tronçon de tronc ?

Une Monstera (variegata ou non) est généralement constituée de plusieurs troncs. Les miennes en ont par exemple 4 chacune. Chaque tronc est constitué de nœuds, avec autant de feuilles.

Ici, on voit bien la constitution d’un tronc, composé de noeuds et de feuilles. Il s’agit de ma première Monstera variegata.

Avec le temps, les feuilles présentes en partie basse ont tendance à s’abîmer ou à sécher, surtout en cas de forte variegation. Les parties blanches ont malheureusement une durée de vie plus courte que les vertes. Parfois, des feuilles basses sont aussi victimes de casse, tout simplement. On peut donc se retrouver, sur les sujets âgés, avec un ou plusieurs tronc dont seule la partie haute est esthétique.

Sur la photo précédente, nous voyons que le tronc présent au centre de la photo est complètement dégarnis à sa base.

Il va alors être possible de rabattre un tronc. Cela consiste à le couper, à 5-10 cm du sol (ou plus, selon l’aspect voulu), pour qu’une nouvelle pousse démarre. Cette pousse deviendra à terme un nouveau tronc, qui comportera une feuille par noeud. Les troncs de mes spécimens grandissent d’environ 3 à 5 feuilles par an en moyenne.

Ici, deux feuilles sont déjà ressorties du tronc coupé très bas. Cela va regarnir le bas de la plante.
Ici, le tronc a été coupé environ 1 an avant la photo. Plusieurs feuilles en sont déjà sorties.

Selon le cas, la partie de tronc retirée sera plus ou moins longue. Elle comportera un certain nombre de noeuds, comportant ou non des feuille. On découpera le tronc de la sorte, avec un sécateur ou un couteau bien tranchant (désinfectés) :

L’idéal est de couper au milieu de chaque espace entre les noeuds.

Chaque tronçon comportant une feuille sera bouturé de manière classique (dans l’eau, à l’étouffée ou dans la sphaigne, mais ce n’est pas l’objet de cet article). On va ici voir comment utiliser les nœuds sans feuille, qui d’habitude de sont pas valorisés.

Mais comment faire ? 

Trois méthodes s’offrent à nous.

Premièrement, on peut tout simplement placer les tronçons dans l’eau, dans de petits récipients.

Pour choisir les contenants, soyez imaginatifs !

Il est impératif de changer l’eau très souvent, au risque de voir pourrir les tronçons. Pour diminuer encore le risque de pourriture, je conseille de colmater chaque extrémité, en les trempant dans de la cire fondue.

La cire évite que le tronc ne s’imbibe d’eau et pourrisse. Ici une pousse apparaît.

Une deuxième option consiste à placer les troncs de Monstera variegata dans de la sphaigne humide ; soit à l’étouffée (voir article dédié), soit directement dans un contenant (pensez dans ce cas là à ajouter fréquemment de l’eau, pour que la sphaigne ne sèche jamais complètement). La sphaigne est connue pour bien conserver l’humidité, et surtout elle favorise l’enracinement. Des expériences que j’ai réalisées, les racines sont aussi plus vigoureuses que celles obtenues dans l’eau, et mieux adaptées à la terre.

Ici les tronçons sont placés à l’étouffée ; méthode très efficace et sûre !
Ici, il a été placé dans un bocal rempli de sphaigne. Il a mis environ 2/3 mois à générer des feuilles. Cette technique évite d’avoir à manipuler les tronçons en cours d’enracinement. Cependant, cela prend aussi plus de place.

Enfin, troisième option, vous pouvez placer le tronçon directement sur du terreau (léger), dans un petit pot, et mettre le tout à l’étouffée. C’est certes un peu plus long (comptez plusieurs mois avant d’espérer des feuilles), mais le risque d’échec est très faible.

Il est impératif de placer le tronc à l’étouffée, pour ne pas que la bouture sèche.
J’ai également disposé un peu de sphaigne autour, pour constituer une réserve d’humidité.

Quelque soit la technique choisie, vous surveillerez l’apparition de racines blanches (à ne pas confondre avec les racines marron présentes sur les troncs, qui sont des racines aériennes) et de pousses.

Les racines à guetter ont cette couleur.

Ma technique préférée ? La seconde, sans le moindre doute.

Quand placer la bouture en pleine terre ?

Il n’y a pas de règle générale, malheureusement ! Cependant, des quelques expériences que j’ai faites, il faut au minimum attendre que les racines fassent 5 cm de long, et qu’une pousse soit bien développée. Dans l’idéal, attendez qu’au moins une feuille, même petite, soit sortie.

Choisissez ensuite un pot, disposez des billes d’argile ou du gravier au fond, et remplissez le d’un terreau pour plante verte (de bonne marque). Plantez-y votre belle bouture, sans recouvrir complètement le morceau de tronc restant.

Laisser le tronc dépasser permet d’éviter qu’il pourrisse. Si la plante ne tient pas, installez un petit tuteur.

Et voilà, vous avez une nouvelle plante. Quelle que soit la technique, maintenez la terre bien humide quelques jours, et placez-la dans un endroit lumineux sans soleil direct. Puis espacez peu à peu les arrosages, jusqu’à un seul par semaine ; éventuellement deux en été, mais guerre plus.

N’hésitez pas à me faire part de vos retours. 

Post-scriptum : cette technique est également applicable au Raphidophora, ainsi qu’à beaucoup d’autres araceae !

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